Imaginez que vous êtes lâchés au milieu d’une gare à Pékin, seul. Des milliers de personnes sont autour de vous. Vous vous sentez submergé parce que vous ne connaissez pas le pays, les odeurs, les règles, vous ne comprenez personne, c’est bruyant et accablant. Vous essayez de trouver votre chemin en demandant de l’aide à quelqu’un, mais vous n’arrivez pas à lire ses expressions faciales. Vous avez appris un peu le mandarin, mais vous ne parvenez pas à suivre le dialecte de la personne qui vous parle. Vous êtes perdu.

Une fois que vous avez trouvé votre chemin, vous n’emprunterez que celui-ci, pour ne pas risquer de vous perdre une nouvelle fois en essayant de trouver des raccourcis. La routine vous apporte du confort.

C’est un exemple extrême, mais cela donne un aperçu de la vie quotidienne d’une personne autiste.

Leçon 1 : Casser la plus grande barrière pour une école « autism-friendly » : les craintes des professeurs et des parents.

De plus en plus de parents admettent avoir des difficultés avec l’idée de mettre leurs enfants dans des écoles où étudient aussi des enfants avec des handicaps mentaux. Cette augmentation est notamment dûe à l’inclusion du mot «Autisme» pour la première fois, ce qui montre le manque de compréhension, de connaissance et d’empathie envers la condition chez une grande partie de la population.

Certains parents d’enfants autistes témoignent même que d’autres parents empêchent leurs enfants de jouer avec les enfants autistes de peur que leurs enfants «attrapent des comportements autistes». C’est ce qui arrive quand on ne parle pas d’un sujet, on crée une stigmatisation.

Leçon 2 : Les jeunes sont très ouverts et honnêtes, profitons-en !

Environ une personne sur cent est autiste, donc il est très probable que chacun d’entre nous en connaisse une, et qu’il y ait des étudiants autistes dans toutes les écoles, et pourtant, c’est quelque chose dont on ne parle pas encore assez avec les autres étudiants.

Les jeunes sont très curieux et ont beaucoup moins de préjugés que les adultes. Ils n’ont pas peur de poser des questions qui pourraient paraître impolies à propos des choses qu’ils voient mais qu’ils ne comprennent pas, comme : «Pourquoi les personnes autistes font cela ?» ou «Il y a quelqu’un qui fait cela et je ne comprends pas pourquoi».

Beaucoup d’adultes peuvent être réticents à propos de certaines choses ou à poser certaines questions car ils ont peur d’être impolis, mais en fait, ce serait beaucoup mieux si les gens posaient leurs questions, avec respect et directement, pour avoir des réponses honnêtes et justes au lieu de laisser des interrogations chez les personnes qui interagissent souvent avec des gens du spectre.

Ce qui rend si difficile le fait d’en parler, c’est que vous ne pouvez pas vraiment voir l’autisme, et que chaque personne autiste est différente (comme pour le reste de la population si on y pense !).

Vous avez besoind e comprendre les différences qu’ont les personnes autistes, et le meilleur endroit pour commencer est d’être avec les jeunes, car ils peuvent apporter la connaissance qui vous sera utile dans votre carrière, dans votre communauté et dans votre future vie de famille.

Leçon 3 : Nous pouvons faire le choix de développer notre empathie plutôt que de la sympathie

50 % des personnes autistes sont ou ont été harcelées dans leur vie, 80 % sont sans-emploi. Cela n’a rien à voir avec le handicap mais dont la façon la société y réagit.

Par exemple, les personnes autistes peuvent avoir des habitudes et des comportements inhabituels.

L’auto-stimulation en est un bon exemple. Les personnes autistes sont souvent très stimulées par leur environnement, peuvent être anxieuses et peuvent être envahies par leurs propres pensées. Lorsque le cerveau est surchargé de la sorte, la personne peut faire des actions répétitives comme battre des mains ou courir sur la pointe des pieds.

C’est une façon de se calmer et de se reconcentrer. Je compare souvent cela à un ordinateur qui utilise un ventilateur pour éviter la surchauffe. Cependant, les personnes qui font cela sont regardées ou jugées lorsqu’elles font cela en public. Beaucoup de personnes ne voient qu’une personne qui agit de façon étrange et se limitent à ce jugement.

Par exemple, lorsque je descends du train après un voyage d’une heure, mon cerveau travaille vraiment rapidement et sans en être conscient, je me mets à courir sur la point des pieds, parfois en faisant des cercles. Je fais cela également plusieurs fois dans la matinée et sur mon temps libre et cela me permet de me déstresser.  Cependant beaucoup des gens ne comprennent pas cela et les personnes autistes reçoivent une attention négative pour quelque chose qu’elles ne contrôlent pas.

Lorsque les enfants à l’école sont informés de cela, ils sont capable de prendre la défense d’une personne qui se fait harceler pour cette raison.

Une autre chose qui fonctionne vraiment très bien est le système de « pairs » où les enfants plus âgés de l’école aident un enfant autiste. Les deux élèves apprennent beaucoup de l’autre.

Leçon 4 : Nous sommes tous différents

Il est facile d’aider les gens à comprendre ce que cela signifie que d’être autiste et de construire là-dessus. Dans l’atelier de sensibilisation, nous commençons toujours par parler des différences. Tout le monde n’a pas d’expérience personnelle avec l’autisme mais tout le monde s’est déjà senti différent d’une certaine manière car nous sommes tous différents. Nous décrivons l’autisme comme un ensemble de différences, certaines présentant des difficultés et d’autres des forces.

Une classe a eu l’idée après l’atelier de créer des badges avec un côté rouge et un côté vert. Les enfants pouvaient le porter et le tourner du côté rouge s’ils ne souhaitaient pas parler aux autres. Cela permet de se rendre compte que personnes autistes voudraient  parler mais n’ont pas toujours la confiance en elles ou l’environnement sensoriel adéquat pour le faire (comment parler dans un lieu bruyant ?)

Leçon 5 : Nous devons tous surveiller notre langage

Le langage peut être vraiment destructeur lorsque certaines personnes font référence aux personnes autistes. Lorsque les gens voient quelqu’un qui agit différemment, la personne est tout de suite “étrange”, “bizarre”. C’est à ce moment que l’isolement et l’exclusion commence. Les adultes transmettent ces mots à leurs enfants et le mal est fait. Souvent, lorsqu’une personne dit “bizarre”, elle veut en réalité dire “différent”. Or il n’y a rien de mal à être différent et cette différence peut souvent être le résultat d’un isolement.

Le langage peut cependant être aussi très constructif. Nous pouvons parler des compétences des personnes autistes et marquer du respect envers elles.