La nourriture peut vraiment être un sujet difficile pour les personnes autistes qui ont souvent des hypersensibilités. Les odeurs, le goût ou la texture de certains aliments peuvent être insupportables. Personnellement, je suis perçu depuis que je suis tout petit comme une personne qui n’aime rien, ne mange rien, qui est difficile. Élargir le nombre d’aliments que je peux manger est vraiment encore aujourd’hui quelque chose de difficile. Prendre un repas en dehors de la maison, que ce soit à l’école, dans un centre de loisirs, ou au restaurant a toujours été une source de stress et d’angoisse. À la cantine par exemple, vous avez toujours du personnel pour vous forcer à manger un aliment, vous punir car vous n’avez pas goûté ou que sais-je. Il m’arrive encore de refuser des invitations à des repas car je sais que je ne mangerai rien et que l’odeur et le bruit seront difficiles à supporter.

Ci-dessous, quelques conseils lorsque vous recevez une personne autiste pour manger :

  • Incitez la personne à gouter les aliments mais ne la forcez pas.

“Il faut goûter avant de dire que l’on n’aime pas” est une phrase que j’ai très souvent entendue. Mais quand l’odeur d’un aliment vous dégoute déjà, pourquoi devoir mettre l’aliment dans votre bouche pour dire que vous n’aimez pas ? Il est important de proposer à la personne autiste de manger de nouveaux aliments mais lorsque la personne refuse et ne veux pas goûter, n’insistez pas. Si la personne fait l’effort de goûter et qu’elle n’aime pas, n’hésitez pas à lui donner de l’eau et les aliments qu’elle aime. Il est très difficile lorsque nous goûtons quelque chose que nous n’aimons pas de faire partir le goût désagréable qui reste dans notre bouche.

  • N’utilisez pas le chantage

Personnellement, j’ai connu du personnel à la cantine qui utilisait cette méthode avec des phrases comme “si tu ne goûtes pas ce plat, tu seras privé de dessert”. Cela ne fonctionne pas et est totalement contre productif. Cela est d’autant plus dommageable lorsque le dessert est le seul aliment du repas que vous pouvez manger. Passer des après-midi à l’école avec le ventre vide juste parce qu’une personne de la cantine vous fait du chantage n’est pas quelque chose d’acceptable !

  • « Quand il aura faim, il mangera »

Les hypersensibilités sont bien plus qu’une question de goût. Lorsque l’on vous propose uniquement des aliments que vous ne pouvez pas manger, vous ne mangez rien. J’ai déjà entendu dire à mon propos que « je mangerai lorsque j’aurai faim ». Pourtant, malgré la faim, je n’ai rien mangé pendant plusieurs jours. Il est important de proposer des nouveaux aliments à la personne mais il ne faut pas oublier qu’il est essentiel pour la personne de se nourrir.

  • Découper la nourriture

La personne autiste peut aimer un plat et ne pas le manger car elle ne sait pas utiliser le couteau. Par exemple, je me souviens avoir eu une pomme que je n’ai pas mangé car je ne savais pas l’éplucher. Lorsque j’avais demandé que l’on me l’épluche, le personne m’avait répondu que “la peau se mange”. Oui mais je n’aime pas la peau qui n’a pas du tout le même goût que l’intérieur du fruit. Je n’avais donc pas mangé de dessert ce jour là.

Les problèmes de motricité sont courants chez les personnes autistes et utiliser un couteau en fait partie. À 25 ans, cela ne fait moins d’un an que j’arrive à m’en servir à peu près correctement.

  • Ne focalisez pas sur une alimentation équilibrée

Estimez-vous heureux si la personne trouve des aliments qu’elle peut manger. Si le repas n’est pas équilibré, peut-être est-il possible d’avoir un équilibre sur la journée ou la semaine. Par exemple, en mangeant uniquement le dessert le midi en dehors de la maison et en mangeant de la viande et des légumes, le soir à la maison.

  • Les goûts changent

Ce n’est pas parce que la personne vous a dit une fois qu’elle n’aime pas l’aliment, qu’elle ne voudra pas y goûter la prochaine fois. Continuez de proposer, peut être qu’un jour la personne pourrait en manger.

Faites également attention à ce qui accompagne le plat, certaines personne peuvent aimer un aliment mais ne pas le manger lorsqu’il est accompagné d’une sauce ou qu’il est préparé d’une façon particulière.

  • Réduisez les distractions pendant le repas

Généralement, les cantines sont des endroits bruyants et supporter le bruit en plus des difficultés liées au repas peut vraiment être quelque chose de trop. Demander à la personne de goûter de nouveaux aliments dans cet environnement n’est peut être pas la chose la plus appropriée.

La proximité avec d’autres personnes assises à la même table peut réellement générer du stress et rendre le repas difficile. Il en est de même avec les bruits de mastication et de couverts dans les assiettes.

Je crois qu’aujourd’hui, les difficultés alimentaires chez les personnes autistes ne sont que rarement considérées et il est important que cela change. Que les cantines scolaires fournissent des aménagements pendant les repas mais aussi qu’elles soient un peu plus tolérantes.