Grâce à de nombreux  aménagements, de plus en plus de personnes ont réussi leur cursus scolaire ces dernières années et ont même eu l’opportunité de poursuivre leurs études à l’université. Après un travail intense, beaucoup de personnes autistes auront l’opportunité de faire une thèse de doctorat. J’ai eu cette opportunité et j’en connais maintenant les avantages, mais aussi à quel point ce cursus est différent de celui que j’ai connu précédemment à l’université.

Je crois que la manière de penser des personnes autistes est un avantage non négligeable. D’abord, vous devez lire énormément d’articles. Quand le sujet sur lequel vous travaillez est votre intérêt particulier, vous êtes forcément capable d’établir un état de l’art très complet et exhaustif en seulement quelques mois. À partir de là, vous savez quel problème vous devez résoudre, mais surtout, vous savez ce qui a déjà été proposé. J’ai moi-même lu plus de 200 articles pendant la première année de ma thèse, ce qui fut très stimulant intellectuellement.

L’autisme peut aussi être un avantage pour trouver des idées nouvelles et innovantes dont personne n’avait pensé avant. Pendant votre thèse, vous devez apporter des contributions à votre domaine de recherche, trouver des idées originales pour résoudre un problème et être capable de sortir des sentiers battus, ce qui est quelque chose de vraiment valorisé.

Enfin, il n’est pas indispensable d’avoir des relations sociales quotidiennement. Préparer une thèse est un travail que vous pouvez faire en étant indépendant, et votre directeur de thèse peut être la seule personne avec laquelle vous ayez besoin de communiquer oralement.

Malgré ces avantages, les personnes autistes peuvent rencontrer un grand nombre de difficultés, et beaucoup d’aménagements peuvent être nécessaires. Cela est non seulement vrai pour la période de transition, lorsque vous devez vous adapter à votre nouvelle routine, mais également tout au long du cursus.

1. Vous n’êtes plus considéré comme un étudiant

Être étudiant en doctorat est une situation étrange, car malgré le nom de votre statut, vous n’êtes plus considéré comme un étudiant et cela peut être une source de difficultés, surtout lorsque vous étudiiez dans la même université auparavant. Les enseignants que vous aviez vous considèrent à présent comme l’un de leurs collègues et non plus comme l’un de leurs élèves. Ils peuvent alors discuter avec vous de votre sujet de recherche, mais aussi de sujets plus privés comme la famille ou les loisirs !

2. Évitez le burn-out

Préparer un doctorat prend énormément de temps. Vous passez des années à travailler sur le même sujet et votre travail devient votre vie entière. Il arrive souvent de travailler dès le matin, avant même de quitter la maison, jusqu’à tard le soir, surtout si le sujet sur lequel vous travaillez est votre intérêt particulier. Se concentrer sur votre travail et réfléchir toute la journée est très fatigant, et il y a un moment où vous arrivez au burn-out. La seule chose que vous voulez est de rester à la maison et d’arrêter votre thèse.

Beaucoup de doctorants rencontrent ce problème, mais comme les personnes autistes sont plus sujettes à la dépression, les conséquences peuvent être plus importantes. Définissez une routine avec des pauses. N’hésitez pas à prendre quelques jours de congé une fois que vous avez soumis un article ou que vous avez terminé une tâche importante. Il est aussi très important d’avoir des activités en dehors du travail pour décompresser et penser à autre chose. Avoir plusieurs centres d’intérêt peut être vraiment utile pour cela.

Si vous faites un burn-out, parlez à vos parents ou à vos encadrants avant de faire l’erreur d’arrêter votre thèse. Vous pouvez être autorisés à travailler à temps partiel ou à travailler en restant chez vous, pour prendre le temps de vous reposer.

Personnellement, j’étais sur le point d’arrêter ma thèse plusieurs fois, parce que, après 3 ans de travail intense, je n’avais plus de nouvelles idées. Après avoir été autorisé à travailler à temps partiel, j’ai été impliqué dans la supervision ‘un projet avec des étudiants. C’était une très bonne opportunité pour prendre du recul sur ma thèse et pour développer de nouvelles compétences avant de prendre un nouveau départ.

3. Ne soyez pas isolé

Travailler de façon indépendante peut mener à la solitude et à l’isolement. Pour les personnes autistes qui n’ont pas beaucoup d’amis ou qui n’ont pas l’opportunité de rencontrer d’autres gens en dehors des heures de travail, cela peut devenir une difficulté majeure. N’hésitez pas à en parler à votre directeur de thèse. Il existe peut-être un groupe où les doctorants de votre université ou de votre laboratoire se rencontrent, parlent et organisent des activités. Même si vous n’allez pas vers les autres, le sentiment de faire partie d’un groupe peut suffir à briser l’isolement.

4. Soyez confiant

À partir d’un moment pendant votre doctorat, vous serez considéré comme un expert de votre domaine, et des gens tels que votre directeur de thèse vous poseront des questions auxquelles ils n’ont pas les réponses.

Personnellement, j’avais l’habitude de répondre «je ne sais pas» afin d’éviter de faire une erreur. Ce n’est pas grave de ne pas tout savoir, mais ce n’est pas la réponse que nous attendons de vous. Prenez position, et précisez que vous avez un doute. Vous pourrez corriger votre réponse plus tard si vous vous rendez compte que vous avez dit une erreur.

Faire des choix est aussi quelque chose de très difficile. Établir une liste de pour et cont$re pour chaque possibilité est généralement une bonne option, mais n’oubliez pas que les choix que vous avez faits pendant votre thèse ne sont pas définitifs et qu’il est toujours possible de changer votre direction de recherche !

5. Assistez à des conférences et soutenir votre thèse

Bien que préparer une thèse ne requiert pas beaucoup de socialisation, lorsque l’un de vos articles est accepté dans une conférence, vous devez le présenter devant une large audience. Cela peut être vraiment stressant ! De plus, pour assister à une conférence qui a lieu dans une autre ville ou dans un autre pays, il faut être assez indépendant pour prendre le bus, le taxi ou l’avion, rester à l’hôtel, etc. Ces barrières peuvent être un vrai frein pour les personnes autistes dans ce cursus..

J’ai eu la chance que mon directeur de thèse fasse ce travail à ma place. Il présentait tous mes articles dans beaucoup de conférences. C’était une aide très importante, mais parfois, j’avais l’impression de travailler sans être récompensé !

Finalement, la soutenance de votre thèse est certainement le moment le plus stressant, mais beaucoup d’aménagements peuvent être disponibles. Vous pouvez être autorisé à lire le texte que vous avez préparé, ou de connaître en avance les questions qui vous seront posées dans le but de préparer vos réponses en amont. Quoi qu’il en soit, soyez rassurés, en général, les membres du jury ont déjà lu votre rapport de thèse et savent ce que vous avez accompli pour votre domaine de recherche. Une mauvaise présentation ne vous empêchera pas de devenir un docteur !